Immobilier / pression fiscale : le coup de gueule d’un professionnel du secteur
Les réactions des professionnels de l’immobilier sont vives face à l’errance de nos dirigeants en matière de politique immobilière. Surtaxe des résidences secondaires, suppression des aides aux primo-accédants, non déductibilité de la taxe sur les locaux professionnels, le secteur de l’immobilier n’avait pas besoin de ce tour de vis pour être en crise...
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Le logement humilié
On a reproché à Madame Duflot de porter un regard plein de défiance envers l’immobilier.
Au demeurant, certains de ses discours et certaines de ses décisions accréditaient cette thèse.
Lui succédant, Sylvia Pinel, épaulée par Manuel Valls, ont tenu à marquer leur estime pour les acteurs du logement. Dès leur prise de fonction, ils n’ont eu de cesse que de tancer la politique qui les avait précédés, coupable à leurs yeux de l’affaiblissement du marché de la construction comme de celui de la revente.
Un plan de relance annoncé à la rentrée a fini de rassurer les Français sur la considération de l’Etat pour le logement.
Mais ce serait-on joué des ménages français et des professionnels de l’immobilier ? Tout porte à le croire…Alors que l’on attendait du projet de loi de finances pour 2015 qu’il mette en musique les mesures promises en septembre, on découvre un texte plein de chausse-trappes qui s’accumulent au fil des débats parlementaires par le vote d’amendements fortuits.
Apparaissent aujourd’hui des mesures insidieuses, prises sans aucune étude d’impact. A croire qu’il y a une absence de dialogue entre les différents ministères et celui de Bercy.
Suppression des aides personnelles à l’accession
La suppression des aides personnelles à l’accession d’abord, même si elle est finalement différée d’un an au vu des réactions scandalisées et des simulations alarmantes.
Surtaxe des résidences secondaires
L’autorisation donnée aux mairies d’augmenter la taxe d’habitation sur les résidences secondaires en zone tendue ensuite, accompagnée de celle qui permet aux départements de pérenniser le relèvement de 3,8 à 4,5 % de leur part des droits de mutation intervenus il y a quelques mois, sur l’incitation de l’Etat. Et enfin, le retrait de l’un des points phares du dispositif d’investissement Pinel, à savoir la possibilité initialement prévue pour les investisseurs de louer à leurs ascendants et descendants.
A l’exaspération s’ajoute la colère.
Comment le gouvernement peut-il se moquer à ce point des fédérations du secteur immobilier pour qu’aucune information préalable ne leur ait été donnée ? Sans parler de consultation, qui eût été une attitude normale vis-à-vis des corps intermédiaires.
Le logement constitue l’espoir le plus fort de retrouver le chemin de la croissance française. La relance de la construction neuve actuellement en panne, et celle du marché du logement ancien, générateur de dépenses d’entretien et de rénovation, en baisse de 25 % par rapport à 2011, pourraient entraîner jusqu’à un demi-point de croissance en plus ! A la clé, entre 100 000 et 150 000 emplois créés.
Quel espèce d’aveuglement peut conduire Bercy et son brillant patron à mettre à bas les effets espérés du plan préparé à Matignon il y a moins de deux mois ?
La seule question qui vaille désormais consiste à se demander si les erreurs manifestes de l’Etat sont rattrapables.
Les ménages et les acteurs de la filière peuvent-ils encore croire en une politique du logement ?
Que se passe-t-il à la tête de l’Etat et dans la tête de ceux qui le gouvernent ? Monsieur Macron et Madame Pinel se parlent-ils ?
Monsieur Valls s’accommode-t-il de ce cafouillage épouvantable, lui qui plaisantait lors de sa nomination sur "le logiciel anti-couac"
qu’il devait installer sur son ordinateur personnel ?
Il ressort de cette gabegie politique un sentiment d’humiliation pour le logement.
Ce secteur essentiel de l’économie, condition de l’équilibre social de la nation, devra-t-il éternellement faire la preuve de son utilité ?
Nos élites si bien formées ne voient-elles pas qu’elles sont en train de casser l’un des ressorts les plus puissants du pays et de ruiner l’un des atouts majeurs de la France ?